top of page
Rechercher

Des incendies volontaires #5



Parodie proférante


Le silence broie le noir de sa parole et chante l'indulgence des poètes.


Combien sont-ils à briguer le mandat de l'inconnu, l'anonymat pourchassé de par les rues ? Combien sont ils à pourvoyer la nourriture solaire et le pourrissement de l'aube ? Combien sont-ils à partager le vin de la cène et la rupture de l'oracle ? Qui sont ces treizièmes crève-la-faim dont les offrandes attisent nos ventres et repaissent nos esprits liquéfiés ? Quelle est cette gargouille emmanchée par le ciel, cette pissotière céleste, où verse l'orage de la divinité ?


Sainte colère, aux nuages pourchassés par le vent, aux ouailles meurtries par la grêle, voici le temps des esclaves et des lits de coton, voici le temps des serruriers, des anges mis aux fers et des geôliers nomades. Voici le temps du volcan qui s'éveille et voici celui de Pompeï.


L'injustice est la plus affamée des ogresses. Elle hante le temple ensanglanté du sacrifice et veille à la morsure divine, à l'affûtage des outils. Nous jeûnerons toute une lune de silence et nous briserons le carême du sommeil pour éveiller l'omerta de l'amour et distiller les ténèbres.


C'est l'étoile, quand elle fait grève de la nuit. C'est le jour, quand il chante son avènement de coq. C'est le trou béant de la lumière, c'est l'aven ordurier de nos souvenirs, c'est le soleil, quand il tourne de l'œil et noircit. C'est l'engloutissement d'un rêve, quand je plonge au plus profond de moi-même pour y trouer le désespoir.


C'est en nourrisson rabelaisien, c'est en bandit de grand chemin, pendu par le col et charrié par le vent, c'est en homme de lettres, en marchand d'armes carbonisé, c'est en poilu, amoureusement trépané, c'est pour l'amour d'Hélène, c'est en moineau de l'an 20, c'est la parole en archipel, pour la France des cavernes et le Lascaux du verbe, c’est d’un gris tremblé, c'est dans la suite basaltique et la pauvreté de l'opéra, c'est en nous-mêmes, intense et creusé par le ventre, que nous mangerons ce soir le gibier de la potence.


12 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page